Vers une redéfinition de l’écosystème des services financiers numériques dans l’UEMOA

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Author: Maxime Lokossi

En l’an 2000 si l’on vous demandait quels étaient les acteurs du secteur financier, vous auriez répondu très facilement en citant les banques, les institutions de microfinance, les assurances et les sociétés de transfert d’argent.

Mais en 2023 vous répondrez à la même question en y incluant de nouveaux acteurs tels que les Fintech, les opérateurs de téléphonie mobile, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), les plateformes de crowdfunding.

Qu’est ce qui a changé en 23 ans ? Beaucoup de choses ont changé avec notamment :

 

  • L’émergence de nouveaux acteurs financiers notamment les Fintech et les opérateurs de téléphonie mobile (OTM) qui proposent comme alternative au compte bancaire, les portemonnaies électroniques ;
  • l’émergence de nouveaux canaux alternatifs de fourniture des services financiers notamment le téléphone mobile, le smartphone, les terminaux de paiement électroniques (POS ou Mobile POS) ou les agents bancaires ;
  • La création des portemonnaies électroniques dont les limites de transaction permettent d’offrir aux personnes non bancarisées une alternative au compte bancaire classique ;
  • Une plus grande collaboration entre les banques et les acteurs financiers non bancaires soit imposée par le régulateur financier (compte en fiducie que les OTM ont obligation de loger auprès d’une banque) ou pour offrir une meilleure expérience aux clients (bank to wallet, agency banking, agrégation de compte etc…).
  • Un dégroupage des offres de services financiers avec des prestataires qui choisissent de se spécialiser dans un domaine particulier (le paiement, le crédit, l’assurance, l’investissement ou la gestion des finances personnelles).

 

Bref il y’a une complète transformation de l’écosystème des services financiers numériques qui offre de meilleures perspectives pour booster l’inclusion financière en Afrique. Pour confirmer cette tendance, on peut observer par exemple que le taux global d’utilisation des services financiers (TGUSF) dans l’UEMOA est passé de 26,2% en 2012 à 67,2% en 2021[1] et ceci essentiellement grâce à l’accroissement du nombre de comptes de monnaie électronique. Si au début des années 2000, il n’existait pas encore d’initiatives de monnaie électronique dans l’UEMOA, la donne a changé depuis l’introduction par la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de l’instruction N°008-05-2015 régissant les conditions et modalités d’exercice des activités d’émetteurs de monnaie électronique dans les Etats membres de l’UEMOA. Ainsi dénombrait-on en 2021 un total de 40 initiatives[2] de monnaie électronique dans l’UEMOA avec des acteurs majeurs tels que MTN, Orange, MOOV et Wave Money.

Il faut toutefois souligner que cet écosystème en construction n’est pas encore arrivé à mettre en place une interopérabilité des services. En l’absence d’une intégration convenue entre deux prestataires de services financiers il n’est aujourd’hui pas possible d’offrir un service de paiement interopérable et instantané aux clients d’où le recours aux agrégateurs de paiement par les commerçants accepteurs de paiement électronique. Il est donc important que cet écosystème évolue vers la mise en place d’une plateforme d’interopérabilité des services financiers capables d’accueillir tous les prestataires de services financiers agrées comme c’est déjà la cas en Afrique centrale avec la plateforme GIMAC PAY.

Il est également important de faire évoluer la réglementation afin de diversifier les offres de service quasi exclusivement constituées d’offres de paiement alors que la demande en crédit reste très forte.

 

[1] 2022- Tableau de bord de l’inclusion financière dans l’UEMOA au titre de l’année 2021

[2] 2022- Evolution des services financiers numériques dans l’UEMOA au titre de l’année 2021