Le secteur financier en Afrique ne restera pas en marge de la révolution « ChatGPT »
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Author: Maxime Lokossi
Il est peu probable que vous n’ayez pas entendu parler de ChatGPT depuis la fin du quatrième semestre 2022. ChatGPT c’est cette sorte de robot programmé et entrainé au moyen de l’intelligence artificielle pour dialoguer comme un humain et générer du contenu automatiquement sur une simple demande.
Tous les professionnels s’arrachent désormais cette solution développée par la start up Open AI fondée par le milliardaire américain d’origine sud-africaine Elon MUSK.
Il est exploitable en plusieurs langues et peut adapter ses réponses à tout type de public (enfants, jeunes, adultes, professionnels, femmes/hommes etc…).
Lorsque vous êtes en panne d’inspiration, allez sur le site Open AI et créez votre compte afin d’utiliser Chat GPT et renseignez vos premiers prompts (vos instructions) et vous serez sidéré(e) par les résultats.
Que peut-on faire avec ChatGPT ?
On serait tenté de dire que les cas d’utilisation de ChatGPT sont infinis. Vous pouvez créer une large gamme de contenus par exemple :
- Résumer ou rédiger un rapport professionnel
- Préparer votre présentation commerciale
- Développer un argumentaire de vente
- Organiser une campagne publicitaire
- Rédiger son mémoire de fin d’études
- Rédiger un programme informatique
- Obtenir des conseils pour effectuer des placements financiers ou gérer de façon optimale vos finances personnelles
- Effectuer des analyses économiques
- Booster votre service client.
Quel intérêt présente ChatGPT pour le secteur de la finance ?
S’il est vrai que l’intelligence artificielle n’est pas nouvelle dans le domaine de la finance, l’avènement de ChatGPT peut améliorer de façon significative l’expérience client, améliorer les processus/capacités opérationnels des institutions financières.
Ainsi ChatGPT peut être utilisé pour améliorer :
- L’offre de solutions de gestion des finances personnelles à travers par exemple le conseil automatisé en investissement boursier, le choix du meilleur plan d’épargne, le choix de la meilleure offre de crédit
- L’analyse du risque de crédit à travers l’enrichissement d’un outil de scoring
- La détection des cas de fraude
- La mise en conformité avec la règlementation financière.
Quel potentiel pour le secteur financier en Afrique ?
Un avantage clé de cette nouvelle technologie est sa capacité à produire des réponses naturelles, ce qui en fait une alternative appropriée pour le service clientèle. Chat GPT peut ainsi aider les institutions financières à économiser du temps et des ressources tout en offrant une expérience plus personnalisée aux clients.
Par ailleurs, sur le continent africain ou le taux d’analphabétisme reste encore élevé ChatGPT représente une réelle opportunité pour les personnes non ou faiblement bancarisées d’identifier les services financiers les plus adaptés à leurs besoins, de les comparer et prendre des décisions beaucoup plus éclairées.
Encore faudrait il que cette solution puisse être entrainée à la reconnaissance des langues africaines. Justement sur ce point les travaux de « Indaba »[1], une communauté de plus de 400 chercheurs africains en intelligence artificielle qui travaillent sur plusieurs chantiers communs peuvent transformer le continent. Cette communauté planche entre autres sur la mise au point d’un modèle de langage alternatif à celui qui a permis la naissance du robot conversationnel ChatGPT. A travers son projet nommé « Masakhane » (“nous construisons ensemble”, en zoulou), elle ambitionne mettre en place un service de traduction automatique de plus de 2 000 langues africaines comme le pidgin, parlé au Nigéria, le logba pratiqué au Togo ou encore le poko au Cameroun.
Mais même si l’IA et ChatGPT révolutionne tous les secteurs d’activités, il est important de souligner que cet outil peut conduire à plusieurs dérives. Si dans le secteur de l’éducation il est à craindre la montée en flèche des cas de plagiat, dans le secteur financier en revanche la capacité de l’outil à reproduire le langage naturel peut présenter des risques de fraude sur les services financiers accessibles par la reconnaissance vocale puisque la voix du client peut être imitée.
Par ailleurs, concernant l’incidence de l’outil sur l’emploi, le fondateur de la firme américaine Microsoft, Bill GATES, souligne le potentiel de cet outil capable de remplacer les personnes dans les emplois de cols blancs.
Enfin le magazine américain TIME a révélé une exploitation abusive de travailleurs vivant au Kenya en Ouganda, en Inde et payés à peine $2 l’heure pour nettoyer les contenus toxiques (à caractère violent, raciste, xénophobe, haineux, sexuel ou sexiste) et biaisés de la base de données d’apprentissage de ChatGPT[2]. Open AI a contracté avec la société SAMA, basée à San Fransisco et qui effectuait déjà cette prestation pour des géants du net tels que Google, Meta (Facebook) et Microsoft). Cette société déclarait même avoir ainsi sorti plus de 50.000 personnes de la pauvreté.
En conclusion, l’Afrique prend conscience du potentiel de l’intelligence artificielle et se donne les moyens de saisir ses opportunités à travers sa communauté de chercheurs telle que Indaba, des organisations telles que Smart Africa ou des pays pionniers comme le Bénin qui vient de se doter d’une stratégie nationale d’intelligence artificielle et de mégadonnées[3]. Il faudra toutefois faire preuve de vigilance par rapport aux dérives/ risques inhérents à l’utilisation de cette nouvelle technologie.
[2] 2023-TIME- OpenAI a fait appel à des travailleurs kenyans payés moins de 2 dollars de l’heure pour rendre ChatGPT moins toxique
[3] 2023- Stratégie nationale d’intelligence artificielle et de megadonnées 2023-2027