L’inclusion financière en Afrique : une opportunité pour les néo-banques

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Author: Maxime Lokossi

L’inclusion financière demeure l’un des défis majeurs en Afrique, où une large part de la population reste non bancarisée ou sous-bancarisée. Dans un continent où environ 57% des Africains, soit environ 360 millions de personnes[1], n’ont aucun type de compte bancaire, y compris les comptes de mobile money, l’écosystème financier offre un vaste potentiel inexploité pour les néo-banques. Ces dernières, par leur approche 100% digitale, représentent une opportunité commerciale considérable dans un contexte où les besoins de services financiers sont criants.

Une région dominée par le cash[2]

En Afrique subsaharienne, le paysage des transactions financières est encore largement dominé par les paiements en espèces. Environ 90% de toutes les transactions dans la région se font encore en espèces, ce qui montre la faiblesse de l’intégration des services bancaires traditionnels. Cette dépendance au cash est symptomatique d’un manque d’accès aux infrastructures financières modernes, ainsi que d’une méfiance persistante envers les institutions financières classiques. Cependant, ce défi constitue également une opportunité pour les néo-banques qui cherchent à capter cette population non desservie.

Les néo-banques, grâce à leurs plateformes digitales, peuvent contourner les contraintes liées à la distribution physique, offrant ainsi des services bancaires accessibles même dans les zones les plus reculées. Par exemple, la pénétration des cartes de crédit et de débit en Afrique subsaharienne reste extrêmement faible, avec des taux de seulement 3% et 18% respectivement. Cette lacune dans l’adoption des services financiers modernes laisse un espace immense pour les services bancaires numériques qui peuvent être intégrés directement dans les smartphones des utilisateurs, un appareil de plus en plus répandu sur le continent.

Une population jeune et en croissance rapide

L’un des atouts majeurs de l’Afrique est sa population jeune et en croissance rapide. Avec une population totale de 1,1 milliard de personnes et un âge médian de 19 ans, l’Afrique subsaharienne offre un vivier de consommateurs potentiels pour les services financiers digitaux. Les jeunes Africains, plus enclins à adopter les technologies numériques, représentent une clientèle idéale pour les néo-banques. De plus, la forte croissance démographique, avec des taux constamment au-dessus de 2,45% depuis l’an 2000, garantit un élargissement continu du marché.

Ces tendances démographiques, combinées à l’amélioration de l’accès à Internet et à l’adoption croissante des smartphones, facilitent la pénétration des néo-banques. Ces institutions peuvent non seulement offrir des services bancaires de base, mais aussi des solutions plus sophistiquées comme le crédit digital, l’épargne, et les paiements mobiles, répondant ainsi aux besoins d’une population en quête de services financiers accessibles et adaptés à leurs réalités économiques.

Le rôle des néo-banques dans l’accélération de l’inclusion financière

Les néo-banques jouent un rôle crucial dans l’accélération de l’inclusion financière en Afrique. Par exemple, Be Mobile Africa vise à bancariser les 23,5% de Sud-Africains non desservis par les banques traditionnelles[3]. De même, Fairmoney[4] s’adresse aux Nigérians actifs économiquement, dont seulement 3% ont déjà contracté un prêt auprès d’une banque commerciale. Ces institutions exploitent la technologie pour offrir des produits financiers complets qui améliorent l’expérience client tout en renforçant la confiance des utilisateurs dans le système financier.

Les exemples de Dopay en Égypte et Carbon au Nigeria illustrent également la capacité des néo-banques à répondre aux besoins spécifiques des marchés africains. Dopay[5], par exemple, s’aligne sur la vision de la Banque centrale égyptienne de numériser les paiements et de promouvoir l’inclusion financière, dans un pays où plus de 60% des travailleurs dépendent principalement des espèces.

Une opportunité commerciale majeure

Au-delà de l’inclusion financière, le marché africain représente une opportunité commerciale de premier plan pour les néo-banques. En passant de modèles économiques lourds en cash à des modèles plus légers en digital, ces institutions peuvent rapidement étendre leurs services sur un marché encore largement sous-exploité. Elles ont également la possibilité de réduire les coûts opérationnels associés aux modèles bancaires traditionnels en éliminant la nécessité de maintenir un réseau physique de succursales.

En outre, les néo-banques peuvent s’appuyer sur la technologie pour réduire l’impact financier des risques opérationnels, tout en augmentant leurs sources de revenus grâce à une expansion rapide sur des marchés non desservis. Ce potentiel de croissance rapide attire de plus en plus d’investisseurs, conscients de la rentabilité que ce marché émergent peut offrir à long terme.

Ainsi pour conclure, l’inclusion financière en Afrique est à la fois un défi et une opportunité. Alors que des millions d’Africains restent en dehors du système bancaire traditionnel, les néo-banques offrent une solution innovante pour combler ce fossé. Leur capacité à fournir des services financiers adaptés à une population jeune, en pleine croissance et de plus en plus connectée numériquement, fait d’elles des acteurs clés de la transformation du paysage financier africain. Pour les investisseurs, le marché des néo-banques en Afrique est non seulement prometteur mais également essentiel pour répondre aux besoins financiers d’une population largement non desservie, tout en réalisant des rendements financiers substantiels.

[1] BPCT(2022) Digital banking in Subsaharan Africa

[2] BIS PAPER N°128 (2022)-Central bank digital currenciers in Africa

[3] IT Web (2022)- Huge appetite’ for digital-only banks as another player launches

[4] TLCOM CAPITAL – Why We Invested: FairMoney and Africa’s Massive Digital Consumer Banking Upside

[5] Daily news (2024)- Fintech startup dopay secures $13.5m to expand digital payroll platform for emerging markets

 

By Maxime Lokossi 

Ambassadeur francophone de la marque Digital Frontiers, ancien élève et membre de la communauté

 

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